Les haltères sont très vite devenues mes amies intimes, faudrait peut-être que je leur trouve un nom. Je fais plein de micro-exercices dans la journée, car cela me convient bien : il m’a toujours été impossible de rester assis plus de 10 minutes sans bouger, une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais été salarié et je fuis systématiquement les réunions physiques. Donc, j’écris, je me lève, je soulève 5 fois 10 kg dans diverses positions, je retourne écrire. Un vrai petit robot. En fin de journée, j’ai mal aux bras et aux épaules : je suppose que les muscles pointent sous la graisse, et le CORPS de RÊVE sous la dépouille de cauchemar.
Voici donc une photo de mes deux nouvelles amies, jumelles, silencieuses, parfaites.
Mon appartement n’est pas très grand, mais je préfère y accomplir mes exercices physiques plutôt que m’inscrire à un club de gym comme les copines et copains. Car la description qu’ils en font m’effraie : j’imagine une sorte de secte avec des gourous sadiques dont le seul but est de vous faire suer et souffrir, et aussi de vous humilier en faisant remarquer publiquement combien vous êtes nuls, parce que vous avez mis une petite résistance sur le vélo ou parce que vous faites des fausses pompes avec le bassin.
En plus, bien que j’ai entrepris de me sculpter un CORPS de RÊVE, je ne supporte globalement pas les gens partageant mon objectif. D’abord parce que ce sont des concurrents, souvent mieux avancés que moi sur la voie, et qu’à côté d’eux j’ai l’air d’un gringalet ballonné. Ensuite parce que la plupart des gens dans cette disposition d’esprit sont par ailleurs parfaitement cons, une fois qu’ils ont fini de parler de leur diète, de leur cellulite ou de leur musculature, le niveau de conversation se cale sur la dernière soirée TF1 ou la dernière sortie Center Park.
Bon je dois me préparer au week-end : j’ai la garde de mes enfants en banlieue. Habituellement, je fais des barbecues matin, midi et soir, alternant le régime chips-merguez-béarnaise et le régime chips-chipolata-bourguignonne. Le tout noyé dans un vin du Vivarais acheté en cubi chez le caviste du coin. Mon instinct me sussure que Maître Dukan n’aimerait pas cela. J’ai cependant une alliée : j’ai réussi à convertir copine Antonine (ma plus grande fille) à la Secte. Et puis là, je dois passer de la phase protéines pures à la phase protéines-légumes (PP > PL dans le jargon du Maître), donc cela me laisse un peu de champ.
En soulevant mes haltères pour la vingt-septième fois de la journée, je réfléchis au meilleur moyen d’éviter la catastrophe.
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