Si vous êtes en pleine phase d’attaque du régime Dukan, je vous déconseille totalement le préfou, cette pitance vendéenne simplement formée d’une baguette remplie de beurre et d’ail, que l’on chauffe au four. On en vend là-bas un peu partout et Stéphane nous fait apprécier la spécialité locale.
À la radio, j’entends que des grandes entreprises tentent en ce moment d’interdire que l’on pointe des liens hypertextes vers leur site. Touche pas à ma belle vitrine, espèce de malpropre. C’est amusant comme certains capitalistes prétendent sélectionner les bonnes et les mauvaises libertés, les premières étant bien entendu celles qui maximisent leur profit, les secondes celles qui les menacent. On l’avait déjà vu avec l’industrie multinationale du disque, toute ravie que l’Etat-gendarme à son service matraque l’internaute partageux, copains millionnaires et coquins fonctionnaires main dans la main, avec quelques artistes jouant le rôle d’idiots utiles en bons intermittents du spectacle. Peut-être qu’à un certain seuil de taille ou de complexité, toutes les organisations privées comme publiques finissent par se comporter de la même manière, renforcer leur pouvoir, protéger leur territoire, neutraliser leurs adversaires par tous les moyens, et ainsi de suite. Jadis elles employaient la force, poudre et baïonnette, aujourd’hui c’est le droit, avocat et procédure. Quand on me dit que la loi protège de la force, je n’en crois rien, ou plutôt c’est devenu marginal à mesure que les agressions physiques ont reculé : la loi n’a aucune pureté mystérieuse, elle est faite par les hommes, donc par leurs intérêts, et lorsque ces intérêts sont en conflit, le plus fort l’emporte d’une manière ou d’une autre. Le processus est insidieux, invisible, il n’a rien de brutal ni de spectaculaire, mais rien d’aimable non plus, on veut toujours vous contraindre à une certaine attitude.
En rendant mes livres, le front de la bibliothécaire m’attire l’œil : je n’ai jamais vu de telles rides, ce sont de minuscules plis, d’infimes rigoles qui s’ouvrent et se ferment au moindre mouvement, comme les sillons d’un désert balayé par les vents. Mon Pessoa n’a toujours pas réapparu et je suis agacé de voir que, contrairement à ce que m’a dit hier l’ordinateur central du réseau parisien des bibliothèques, ils ont bel et bien le Journal de Kafka. Je l’ai commandé cette nuit en poche, dans une édition qui n’est peut-être pas la meilleure, alors que je l’aurais emprunté ici si j’avais été correctement informé.
Ne vous inquiétez pas trop si ce blog devient silencieux, Orange menace de couper ma ligne si je ne règle pas deux prélèvements en retard, rejetés l’un après l’autre par une banque navrée de l’ensemble vide formé par mon compte. Je crois que de toute ma vie, pas un seul de ces prélèvements réguliers n’a été émaillé d’incidents, je suis infoutu de conserver le minimum en caisse. Encore ai-je quelques excuses pour la période récente, puisque je vide soigneusement mes comptes afin que les tiers-détenteurs des créanciers courroucés frappent à côté de leur cible. Que de temps perdu dans ces chicanes, je suis lassé.
Un redoux s’est installé, avec lui les nuages, le jour glisse déjà sans bruit vers la nuit.
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