T3. De Clignancourt je fends Paris par la 4 à nouveau et j’atteins la porte d’Orléans, d’où j’emprunte pour la première fois le tramway 3 en direction de la porte de Versailles. L’engin est plutôt agréable, un mixte de bus et de métro, j’observe le conducteur qui régule encore la vitesse de la course par une manette. Serais-je Claude Simon que j’en ferais un roman. J’aime bien les tramways, on en croise énormément en Europe centrale, orientale et nordique, j’aime surtout les vieux modèles à la ferraille couinante dont l’alimentation électrique et anarchique zèbre l’air des rues. Je ne serais pas foncièrement hostile à l’interdiction de la voiture dans Paris, dans les grandes villes en général, à condition évidemment d’avoir des transports publics plus performants. Et des porteurs pour mes achats, cela va sans dire. Comme l’énonçait le slogan des années 1970, la voiture ça tue, ça pue et ça pollue. Elle apporte une inestimable liberté pour les grandes balades, elle est une condition de base de la survie en campagne, mais dans les métropoles surpeuplées, sa valeur ajoutée devient discutable.
H4. Arrivée à destination, le Salon de la photo, hall 4 du Parc des expositions. Où je ne trouve rien de folichon. Je prends de la doc de ci de là, j’achète un ancien numéro de la revue De l’air. Jetant un œil ennuyé à l’expo rapidement montée en hommage à Willy Ronis, j’entends un gars parler du photographe « inspiré par l’amour du prochain ». On dit que les bons sentiments ne font pas de la bonne littérature, j’ai un peu le même avis pour la photographie, dont la production dite « humaniste » m’ennuie par la fréquence du noir et blanc, et surtout la répétition des mêmes thèmes : le gentil petit poulbot qui saute dans sa flaque de boue, le gentil petit ouvrier fier et digne dans son usine, les gentils petits amoureux qui s’embrassent dans leur ruelle, le gentil petit artisan qui s’accroche à son échoppe, ad nauseam… Tout cela est sympathique, joli, marrant, tout cela peut avoir un intérêt historique ou ethnographique, mais tout cela reste pour moi de l’illustration, et souvent d’AOC Épinal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire