Autocritique au-dessus d'une cuisse de lapin

Aux grands maux les grands remèdes : visite chez le pharmacien du coin de la rue, achat d’huile de paraffine, avec une boîte de Forlax pour faire bonne mesure. En préventive. Faut pas me bloquer les fluides ou je deviens agressif.

Pour changer du steak et de l’œuf, je m’achète du lapin au Monoprix du boulevard du Temple. Et la maudite sauce au soja, parce que je n’ai pas le choix et que cela va accrocher dans le faitout si je me contente de mettre deux gouttes d’huile sur le fond. Mais chat échaudé craint l’eau froide (tiens, c’est la journée du proverbe), j’achète des oignons, du persil, du thym et une boîte d’herbes de Provence pour donner du goût à cette mélasse.

Je suis pas gourmand, ni gourmet.

C’est à la fois un avantage et un inconvénient quand vous faites le régime de Maître Dukan.

Avantage : il m’est arrivé de manger trois mois de suite des kebabs ou des burgers sans être lassé le moins du monde. Je me rassasie, je me remplis, je n’ai pas envie de consacrer trop de temps à la préparation et la dégustation d’un plat, cela m’emmerde globalement cette dépense d’énergie servant en tout et pour tout à former mon prochain excrément. (On aura compris que l’hédonisme n’est pas mon trait de caractère dominant.) Donc, je ne suis pas sensible au côté limité et éventuellement répétitif des plats Dukan.

Inconvénient : ces fameux plats Dukan ne sont quand même pas bons quand on a eu le palais formé ou déformé par une nourriture à base de graisses et de féculents. Ce qui est mon cas, j’ai dû manger steak (au bon beurre noir sur la poêle que je sauçais ensuite avec du bon pain) - frites (à la bonne friteuse) à peu près tous les jours de ma vie entre 5 et 18 ans. Donc pour tenir en régime Dukan, vous devez faire des efforts en cuisine histoire que le plat ne soit pas trop fade, ou en tout cas trop loin de vos goûts passés. Et c’est là le hic, je n’en ai pas l’habitude de tels efforts.

Je note donc dans mes bonnes résolutions : être plus attentif au plaisir de la table, consacrer du temps à mon alimentation, même si elle est bridée, surtout parce qu’elle est bridée.

(Et aussi une solution de rechange au cas où : passer de trois à quatre paquets de cigarettes et de deux à trois litres de café par jour, histoire de détruire ce que l’on appelle communément « appétit » chez l’être humain).