jeudi 12 novembre 2009

Comme une odeur de pâté

Si l’on en croit le Monde, Raoult a précisément écrit à Mitterrand : «En effet, ce prix [Goncourt], qui est le prix littéraire français le plus prestigieux, est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie NDiaye (...) sont inacceptables. Ces propos d'une rare violence sont peu respectueux, voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du chef de l'Etat. Il me semble que le droit d'expression ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de comptes personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions. C'est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité.»

Dans ce ramassis de conneries, le pire à mon goût est sans doute l’expression «défend les couleurs littéraires de la France» : cela sent à pleines narines sa droite saucisson-rillette-rugby, le plus petit commun populisme des individus n’ayant de la littérature qu’ils prétendent défendre qu’une idée assez lointaine et sommaire, sans doute issue de fiches techniques de leurs conseillers de Corrèze ou d’ailleurs. Raoult a tout à fait le droit de boire un Beaujolais qui tache au Salon de l’agriculture ou de suer des aisselles en tribune de la finale de la Coupe de France, mais que l’épais élu du peuple reste donc sur son périmètre naturel de vie et de représentation, au lieu que de prétendre à quelque lumière en d'autres.

Il n’y a ni devoir de réserve ni devoir d’effronterie, il y a la parole libre, celle de Raoult comme celle de Ndiaye, et tout est dit – sauf à préciser que si tous les Raoult du monde n’éprouvent pas de résistance minimale quand ils expriment leur penchant national-liberticide, il ne leur en faudra pas beaucoup pour faire taire toutes les Ndiaye du monde.

Sinon je suis malade, gorge picoteuse, haleine chaudasse, nez bouché, crâne douloureux, et ma côte broyée par Meteor qui me réveille trois fois par nuit – méchante humeur conséquente.

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