mercredi 25 novembre 2009

Léger, léger, léger !

La nuit fut courte, environ six heures, mais continue, et je me réveille ce matin en meilleure forme que les jours précédents. Direction le mandataire judiciaire, quelque part en Val-de-Marne. Le timide soleil du matin lèche les immeubles hausmanniens, je suis bien dans cette lumière diffuse. Le RER me plonge dans une banlieue nettement moins agréable. 20 minutes d’avance, comme toujours dans ces vastes zones où tout paraît loin et où l’humain passe une bonne part de son temps à cavaler d’un point à l’autre. Pas un rade en vue dans le boulevard, je marche tout de même pour en dénicher un. Je passe devant un cimetière, le carré militaire est impeccablement ordonné, parallèles et perpendiculaires implacables, jusque dans la mort aucun ne sort du rang. Le cimetière civil à côté est aussi très strict, avec ses allées taillées au cordeau. Je pense aux cimetières de Pologne et des pays baltes, bien plus anarchiques, avec de l’herbe et des tombes posées de-ci de-là, ce désordre est plus plaisant pour le visiteur, et ne change pas grand-chose pour les habitants.

L’heure de mon rendez-vous arrive enfin et je me pointe, l’entrée de l’immeuble se confond avec celle du parking, grille verte sur béton gris. On me dirige vers la salle d’attente parfaitement fonctionnelle, où je m’abîme dans la contemplation d’un tapis beige dont les motifs sont des petites barres grises et marron. Le designer devait être un Suédois suicidaire, son tapis est aussi triste qu’un jour sans pain. Mon interlocuteur vient enfin me chercher, et je me demande s’il ne bosse pas dans le cimetière à côté : grande silhouette à costume gris, visage gris, cheveux gris, il découpe peut-être ses costumes dans ses tapis, je le vois bien en train de fixer d’un air neutre les familles en pleurs pendant que l’on jette sur le bois du cercueil les premières mottes de terre. Mais une fois dans son bureau, cette grande et grise silhouette révèle un homme tout à fait affable et attentif à mes problèmes. Qui me donne LA bonne nouvelle du jour, de la semaine et même de l’année : c’est désormais lui qui prend en charge la totalité de mes dettes accumulées depuis dix ans, qu’elles soient professionnelles ou personnelles. Je n’en reviens pas. Je sors allégé d’un fardeau décennal, et les nuages se souviendront que je marchais tout près d’eux ce jour-là.

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