mercredi 4 novembre 2009

Pop Sex



En ce moment, l’envie me titille d’écrire un essai sur le sexe. Plusieurs en fait. J’aimerais bien expliquer aux gens tout ce que je crois avoir compris sur la question, sans m’emmerder à faire un enième nouveau traité. Car le problème n’est pas le manque d’ouvrages scientifiques, techniques, philosophiques (il y a pléthore), mais la compréhension de base. Valerie Solanas, dont j’ai lu le SCUM Manifesto en m’amusant beaucoup, avait saisi le truc, c’est autrement moins constipant que de lire du Beauvoir, du Butler ou du Marziano.

Le premier truc à piger, c’est que vous n’êtes pas le centre du monde. Cela paraît très simple, mais toute l’histoire de la pensée ou presque a été bâtie par des gens qui n’avaient pas compris cette évidence de base, et qui ont donc écrit des généralités extrapolées depuis leur nombril. Toute phrase qui comporte comme sujet « les hommes » ou « les femmes » ou « la sexualité » est une proposition fausse, à jeter, à oublier, à piétiner. Et son auteur avec. Une grosse nuisance comme Kant, par exemple, a passé sa vie à chier des généralités sur tout ce qui passait dans son esprit malade. Comme cette maladie est répandue chez les penseurs mâles, Kant est très populaire chez eux, tous s’astiquent le jonc en pérorant sur l’humanité, la féminité, la masculinié, la moralité, la saucissonnité, la tampaxité, la crottité, etc.

En fait, on doit visualiser une fois pour toute deux catégories : le mâle moyen MM et la femelle moyenne FM. Moyen signifie ici : dans une population humaine quelconque, vous avez une certaine probabilité que l’individu mâle ou femelle se comporte de la sorte. Notamment toi qui me lis, et qui devrais te demander à chaque minute : en agissant ainsi, suis-je MM/FM ? Et mon pote René ? Et ma copine Valérie ? MM ou FM ne signifie jamais « les mâles » et « les femelles », ni « chaque mâle » et « chaque femelle », ni « tout mâle » et « toute femelle ». En gros, c’est plus ou moins une majorité, rien de plus. L’effet majoritaire est toujours intéressant à connaître, c’est même sûrement nécessaire si l’on veut survivre, mais il n’épuise pas un sujet.

Considérez par exemple la proposition : « les femmes mettent du rouge à lèvres et veulent des enfants ». Si vous êtes une femme, que vous ne mettez pas de rouge à lèvres et que vous ne voulez pas d’enfant, cela vous paraît immédiatement faux, quand bien même vous voyez beaucoup de femmes (une majorité) adopter ce comportement. Et pourtant, d’Aristote à Frinkielkrote, on a écrit des kilotonnes de phrases généralistes dans ce genre. On n’y fait pas attention quand on appartient à la majorité concernée. Ou, plus simplement, quand on est con. Par exemple, un MM ne va pas tiquer quand il entend une connerie du type « les femmes sont plus sensibles que les hommes ». Le MM est interloqué par des choses plus basiques qui le concernent directement, par exemple « t’as une petite bite ». Ou la FM par : « t’es un tas de graisse ».

Donc on peut faire un portrait-robot du MM et la FM. L’un comme l’autre pensent avec leur sexe, c’est-à-dire leurs spermatozoïdes ou leurs ovules, leur testostérone ou leur estrogène, leur cerveau qui a été influencé par cela tout au long de son développement, la société qui n’est jamais faite que d’une masse de corps cérébrés et assemblés. Le MM et la FM sont donc consternants de part en part, ils correspondent grosso modo à leurs clichés, ils font que la société est globalement conservatrice, ennuyeuse, minable, répétitive : le MM est hétéro, il veut baiser un maximum de filles, il a recours à la violence directe ou indirecte, il bande dans les rapports hiérarchiques, il voudrait bien que sa secrétaire lui taille une pipe, il fait chier sa femme à ne jamais faire la vaisselle, etc. ; la FM est hétéro, elle rêve du prince charmant, elle baise mais quand même pas trop surtout après 25 ans, elle fantasme d’être en cloque dans une jolie petite maison de banlieue, elle déprime après sa ménopause, elle fait chier son mec à lui demander si sa nouvelle robe est jolie, etc.

Tout cela ce sont des réalités statistiques (effet majoritaire) appuyée sur des réalités biologiques. Le discours du « genre » vous disant que tout est culturellement et socialement construit, que la constitution biologique des individus compte pour du beurre, c’est de la merde en barre. Vous me mettez la Butler en chambre capitonnée, je lui file de la testostérone à haute dose pendant six mois, je parie dix contre un qu’une fois libérée, elle se mettra à roter, péter, casser la gueule de son voisin à cause d’une histoire de bagnole et chercher partout sa mousse à raser le matin après s’être pris une cuite la veille avec ses copains devant un match de foot. On devrait déjà commencer par avoir chaque année des bilans génétiques, chromosomiques, hormonaux et de tous les paramètres biologiques possibles si l’on veut savoir qui l’on est, au lieu de s’accrocher à son état-civil, sa carte d’identité, son numéro de Sécu, l’avis de sa télé et celui de l’État.

Et puis ensuite, vous avez d’autres catégories, plein de petites autres catégories en fait, que l’on pourrait artificiellement ranger dans les ensembles mâles hors norme MHN et femelles hors norme FHN. Aussi les mâles et femelles à venir MAV et FAV, qui seront à moitié robotiques, ou qui changeront de sexe chaque jour, ou qui seront totalement asexués, ou qui seront à moitié chat ou à moitié géranium. Mais de tout cela je parlerai un autre jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire