jeudi 5 novembre 2009

RSAste !

Loués soient les services sociaux, je ne me fous plus de leur gueule jusqu’à ma prochaine saute d’humeur, promis-juré-craché : le RSA est tombé ce matin sur mon compte. Dans le même temps, La Poste m’inonde enfin de paquets et courriers des quatre coins du monde que j’attendais depuis des jours. Cette profusion soudaine me met d’excellente humeur, on croirait un gosse au matin de Noël. Je commande enfin mon éclairage continu. Et j’achète une jolie petite pipe d’écume dans la foulée. Comme on le voit, ma maigre fortune est consacrée à l’indispensable.

Je l’ai annoncé à copine Peggy en avant-première vers 14 h, je le proclame ici pour conforter ma résolution : je pense arrêter totalement la cigarette (mais pas la pipe) à mon retour d’Allemagne. Une dernière clope à Berlin après 25 ans de combustion continue, à raison de trois paquets par jour, cela aura de la gueule. Mais faudra trouver des ressources pour compenser, notamment les pertes de mémoire, d’attention et de concentration, ainsi que la nervosité. La pipe ne se prête pas à une fumée intensive, elle m’aidera évidemment à conserver une dose de goudron, de nicotine et des trois mille autres substances du tabac. Je n’arrête pas vraiment pour ma santé – voici quelques jours, j’apprenais encore un cancer bronchique chez une personne ayant arrêté depuis 20 ans, alors cela me fait marrer les admonitions douceâtres de Big Sister –, plutôt pour mes économies, et aussi pour changer. Puisque ma métamorphose est désormais engagée. 2010 sera une année zéro, tout un plan d’existence à redessiner.

Coquelet aux lardons et oignons, filet de porc et Saint-Jacques aux poireaux, tiramisu… ce sont quelques-uns des mets délicieux que l’on s’est envoyé l’autre jour chez copine Natacha et copain Stéphane, à l’occasion d’un de leurs shoots sur le régime Montignac, pour un bouquin. J’en ai l’eau à la bouche rien que d’y penser et j’y pense parce que mon estomac gargouille alors que j’écris. Je n’avais pas si bien mangé depuis longtemps. Si je stoppe la cigarette, il faudra que je prenne garde à ne pas compenser par le grignotage ou la ripaille, sinon la route du CORPS de RÊVE va s’achever dans un ravin.

On a regardé Mulholand Drive de David Lynch, et je ne suis décidément pas fan. J’ai vu pas mal de Lynch dans le passé, mais en dehors de Sailor et Lula (vaguement Eraserhead), je ne me souviens de rien. Car en règle générale, dans les phases où je picole, j’écrase rapidement devant la télé, surtout si le film est brumeux. Et Lynch est brumeux. Je le confirme, parfaitement à jeun cette fois. Je ne suis pas sensible au côté trop onirique ou symbolique, dans tous les arts, particulièrement au cinéma, mais cela vaut pour la peinture, la photo ou le roman. J’observe avec étonnement certains lynchiens se creuser la tête pour trouver du sens et des clés là où je ne vois que des pirouettes un peu faciles. Mais bon, je vais continuer pour confirmer ou infirmer ce jugement, Lost Highway et Blue Velvet au prochain programme, en attendant Inland Empire réputé imbitable par les plus patients des herméneutes. Sur grand écran Mac, loin des salles obscures et concentrées, où le moindre chuchotement d’un spectateur, le plus petit machouilement de pop-corn, l’infime froissement de paquet de chips me font regretter d’avoir payé ma place et me donne envie de quitter les lieux en abandonnant une grenade dégoupillée.

Oui, décidément, je dois envisager avec le plus grand sérieux la préservation de la sérénité minimale nécessaire à la survie sociale avant d’arrêter la cigarette…

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