vendredi 13 novembre 2009

Vendredi 13, donc

Cette saloperie de crève et cette chiennerie de côte ont brisé mon rythme régulier, depuis hier midi j’alterne des périodes de somnolence agitée et d’éveil abruti. Levé ce matin à 7h après m’être couché à 4h, je me traîne jusqu’au bureau de poste pour envoyer des colis en retard. Sur le chemin du retour, je m’avise que nous sommes le vendredi 13 et j’achète deux tickets de Loto.

Ah je vous vois venir : vous vous dites « ça ne lui ressemble pas du tout, il file un mauvais coton, un virus a bouffé ses synapses ou la porte du métro a dû lui cogner aussi le crâne ». Au contraire, mon acte matinal est très réfléchi et même très rationnel.

Je n’accorde évidemment aucune espèce de vertu chanceuse ou malchanceuse au vendredi 13 ; mais comme une certaine masse de mes concitoyens ne semble pas dans mon cas, la Française des jeux propose un gros lot ce jour-là et pour une mise identique, on peut envisager un gain supérieur. Quant à la probabilité de gagner le jackpot, surtout un jour où tous les superstitieux tentent le coup, je n’ignore pas qu’elle est très faible. Oui mais voilà, elle n’est pas nulle. Or, la probabilité que j’ai de gagner d’un seul coup une grosse somme sans jouer au Loto est quant à elle absolument nulle, remarquablement nulle, tristement nulle. J’ai un métier besogneux, c’est-à-dire que je ne peux gagner beaucoup d’argent qu’en travailant beaucoup, et en tout état de cause ce beaucoup-là n’atteindra jamais les hauteurs des traders ou autres, ce sera toujours un petit beaucoup, pas la pluie d’or où vous claquez des doigts et réalisez vos vœux sur cette Terre sans même songer à compter. Or, cela me fait chier, je ne vois pas trop l’intérêt de travailler comme un dingue pour un confort de vie moyen-supérieur même pas luxueux. Tenter une chance même infime de ramasser le trésor, voilà qui me semble donc la meilleure hypothèse pour mon avenir, en toute rationalité. Un peu comme le pari de Pascal au fond, si je perds, je ne perds pas grand chose (le prix de la grille à 2 euros), si je gagne, je gagne presque tout (la possibilité de dire merde au travail alimentaire, c’est-à-dire à la condition esclave dans le temps hélas compté de mon existence).

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