lundi 2 novembre 2009

La faculté des rêves (mon prix)

Aucune nouvelle du RSA, ni oui ni merde. Aucune nouvelle de mon virement Amazon. Aucune nouvelle de l’Institut qui me doit encore du pognon. Donc rien de rien en banque, je gratte un peu d’argent à copine Peggy, je tourne en rond en attendant copain Jean demain matin, je vis comme un clébard des restes des autres. Au moins je ne bouffe presque pas. Mais j’en ai plein le cul du riz, cela me constipe. Il paraît que c’est aliment de base de 4 milliards d’humain, je m’imagine 4 milliards d’intestins coincés attendant de cracher une merde ronde et grosse comme la Lune.

C’est incroyable comme l’argent influe sur mon état d’esprit, soit en dépresseur quand il manque, soit en euphorisant quand il abonde. Hier j’étais fou de joie parce que copine Peggy m’a offert une casquette noire à visière qui me va très bien, enfin je trouve, j’ai l’air du militant révolutionnaire d’une cause ancienne, et puis hier aussi j’avais des afflux d’idées, par bouffées entières, il y a des jours où cela fait des étincelles, les pensées me viennent trop vite pour que j’aie même le temps de les noter, des choses se déclenchent dans mon cerveau qui semblaient attendre depuis une éternité. Et patatras, copain Jean a évoqué subrepticement au téléphone le montant de mon ardoise, oh rien de bien méchant juste une incise en passant, et cela m’a foutu complètement à plat en l’espace d’une minute chrono, j’ai perdu toute énergie, je me suis vu à toujours et toujours écoper mes dettes dans une barque percée de partout, je me suis vu captif de murs qui rétrécissent de plus en plus vite, je n’avais plus goût à rien.

Le seul moyen de ne pas être prisonnier de l’argent, ben c’est d’en avoir beaucoup. Ou alors que personne n’en ait et que la vie s’organise autrement. Au milieu, c’est-à-dire presque tout le monde, tu refrènes sans cesse des besoins, tu refoules sans cesse des désirs, tu diffères sans cesse des actes, et c’est crevant de survivre ainsi, tu deviens le calculateur de ton agonie, tu sens partout tes limites. Il faut écrire d’urgence une psychopathologie du capitalisme.

De cela je me console quand même en dévorant La faculté des rêves de Sara Stridsberg. C’est un roman sur la vie de Valerie Solanas, militante féministe radicale ayant tiré sur Warhol et publié le SCUM Manifesto, qui vécut toute son existence comme pute mendiante haïsseuse de mecs, qui creva seule dans une chambre d’hôtel miteuse. Le style de Stridsberg me scie autant que la vie de Solanas me tourmente. Je le conseille à tous et à personne. Et je me demande si je ne vais pas prendre des cours de suédois, ils sont fortiches quand même.

J’entends que Beigbeder a eu le Renaudot, quelle blague, j’avais arrêté au bout de dix pages, comme presque tous les autres. Ndiaye je n’ai pas lu, copine Sarah m’avait dit que cela valait le détour, mais il n’est pas à la bibliothèque pour le moment et ce n’est pas la bonne période pour acheter.

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