lundi 5 octobre 2009

Engagement dans le processus d'accompagnement vers l'insertion

Enfin, enfin, je me remets à l’atelier du roman. Copine Sarah sera contente si elle me lit. J’ai quelque talent pour les formes raisonnées de schizophrénie, mais s’immerger dans la peau d’un narrateur n’est jamais facile. Surtout pour mon choix d’écriture, où cette immersion ressemble à une noyade et exige de bonnes réserves d’oxygène.

La balance indique 65,7 kg, je colle donc au plancher dix jours après l’entrée en phase de stabilisation. Il n’empêche que je reste dans la diète légère et prévois pour ce soir un camembert 3% MG de Bridelight, une bonne poignée de crevettes, un ravioli tofu-tomate-basilic bio et quelques filets de poulet. Je me sens léger, je suis bien.

Avec copine Peggy qui n’a pas le moral, nous parlons de la nuisance généralisée des bras cassés – entendez par là les gens avec qui il est impossible d’avoir un rapport professionnel clair, rapide, efficace. Il est déjà notoirement chiant de bosser pour gagner son pain, si en plus il faut perdre son temps à discutailler, débatouiller, relancer, interpeller, blablater, cela devient hautement dépressif. Le problème paraît que certains font de ces pertes de temps un mode normal de rapport aux autres, à croire qu’ils adorent nager dans des tergiversations chronovores et des flous inartistiques. Que ces gens-là pullulent dans la grande entreprise traditionnelle, où la productivité est divisée de moitié par la proximité et où chacun tend vers son seuil maximum d’inefficacité dans les 35 h obligatoires de présence, je peux le concevoir. Mais que les indépendants et microstructures subissent le même genre de pesanteur, c’est dur à supporter.

J’apprends que les photos de copine Natacha n’ont pas été retenues pour être exposées dans un magazin-salon de thé-galerie-pouet-pouet où elle avait présenté un dossier. La tenancière de ce futur haut-lieu de la desperate housewife friquée aurait eu un haut-le-cœur en voyant la production – car copine Natacha ne fait pas vraiment de concession dans sa création, voyez-vous, ce n’est pas le enième photoreportage larmoyant sur un Africain qui crève la gueule ouverte, le enième dérivé de la photo de mode au troisième degré, la enième série sur la photo soi-disant spontanée de familles obèses faisant un barbecue dans une banlieue, la enième plongée dans on-sait-quel nouveau bas-fonds tellement hype, genre un squat de trans sans-papier et séropositifs en lutte pour la reconnaissance de la dignité morale des animaux de laboratoire, bref, ce n’est pas une photographie que l’on a vu mille fois depuis vingt ans dans les galeries, les expos et les grands prix. Et donc mémère avec son petit magasin conceptuel pour désoeuvrées du XVIe arrondissement, cela dépasse son entendement.

De mon côté, je prépare mon grand rendez-vous de mercredi avec le Pôle Emploi. Voici une semaine, j’ai mis fin à une société créée dix ans plus tôt, en banqueroute comme il se doit. Et après vingt années dont pas un jour ne fut chômé, mon nouvel objectif est d’être justement reconnu comme chômeur... pardon demandeur d’emploi... pardon personne en processus d’accompagnement vers l’insertion socioprofessionnelle... enfin glandeur subventionné, en clair. Je sens que je vais beaucoup m’amuser et je suis déjà ravi de gonfler les mauvais chiffres de la conjoncture économique. Espérons que je gratterai un peu de pognon à Léviathan.

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