mercredi 14 octobre 2009

Histoires (plutôt ennuyeuses) de sexe(s)

Hier soir, avec copine Peggy et copain Stéphane, nous allons voir en avant-première le film co-réalisé par Ovidie, Histoire de sexe(s), à l’occasion du lancement de la nouvelle chaîne pour adulte French Lover TV. C’est au mk2 de la Grande Bibliothèque. Ovidie se plaint que la commission de censure des œuvres cinématographique, après avoir proposé un classement moins de 18 ans, suggère maintenant un classement X. Ce qui équivaut à la mort économique immédiate d’un film en salle, en raison des surtaxes touchant depuis trois décennies les films dits pornos. Je trouve ridicule et liberticide cette distinction entre moins de 18 ans et X. Quand on est adulte, on est consentant, donc on consent au besoin à voir des films de cul si tel est son bon plaisir.

De toute façon, je suis favorable à la diffusion des films porno à 20h30 sur TF1, je ne comprends pas en quoi la représentation directe du sexe et de la violence pose problème à l’animal Homo sapiens. Si la vision d’un pénis, d’un vagin ou d’un anus était traumatique, je suppose que notre espèce et les espèces nous ayant directement précédés seraient traumatisées depuis des millions d’années. Il se trouve que le cinéma a émergé à la pire période bourgeoise, qu’il porte encore la marque de son philistinisme et puritanisme de naissance. Sur Internet, dont la naissance est bien plus récente, il va de soi qu’un site de cul est au même niveau que tout autre site en terme d’accès. Et il semble qu’il est bien au-dessus de la moyenne en terme de fréquentation, au grand dam des défenseurs d’une humanité à la libido gentiment domestiquée.

En même temps, et contrairement à ce que dit Ovidie, l’objectivité oblige à reconnaître qu’il n’y a pas 95 % des dialogues et 5 % de cul dans son film, mais bien 50-50. Le problème que j’ai hier soir ne se situe pas là : je m’emmerde comme un rat mort pendant 90 minutes, ou mettons 60 minutes en ôtant la première demi-heure de découverte des acteurs et du scénario. Ovidie a voulu faire un film pédagogique – un groupe de femmes et un groupe d’hommes, séparés respectivement dans une « soirée de filles » et une « soirée de mecs », évoquent leur vie sexuelle, leurs joies et leurs soucis. Mais en fait de pédagogie, on a parfois des scènes lourdement démonstratives, surtout côté filles où les dialogues peu crédibles sont débités sans grand talent. Seule copine Judy, croisée un peu avant à l’entrée, s’en sort pas mal, je trouve. Et côté garçon, Sébastien Barrio est toujours aussi drôle, il fait partie de ces acteurs qui ont une présence innée, même si son jeu est par nature assez limité. Mais bref, c’est plutôt chiant, cela aurait pu s’appeler « le sexe expliqué à ma belle-sœur ». Je regrette intérieurement que des grands réalisateurs – par exemple, un Rohmer pour le style narratif choisi par Ovidie – n’aient pas intégré et donc imposé des scènes pornographiques comme élément normal d’un film de mœurs.

Au buffet qui suit la projection, copain Stéphane et moi devisons sur la qualité des petits fours, pendant que copine Peggy fait le tour des pornopopotins. Comme chez B-Root, les mets sont bons, et aussi le champagne me dit-on. Malgré leur mauvaise réputation, les gens du porno sont fondamentalement gentils, et ils savent vivre. Du moins ceux que je connais, bien sûr.

1 commentaire:

  1. On ne sait pas trop par quel bout – si j'ose dire – prendre la pornographie, de nos jours. Entre les lois nationales rigides et datées, et l'accessibilité hallucinante (mais calculée...) que propose le net trans-frontières (où l'on est vite en Russie...), le consommateur se trouve face à une montagne d'hypocrisie et d'aberration. C'est un sujet sur lequel il faudra tôt ou tard se pencher sérieusement... (J'en parle beaucoup dans HYROK, pour ça que votre article m'a interpellé)

    En lien, un article sur mon blog qui devrait je pense vous parler...

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