samedi 17 octobre 2009

La décompression de sa race

Madame Fisc s’étant emmêlée les pinceaux dans ma déclaration, je retourne au Centre des impôts pour la seconde fois de la journée, afin de récupérer un papelard qui me servira de sésame pour diverses procédures. Et cela après que madame Banque m’a imposé une demi-heure de retard sur le rendez-vous prévu. Autant dire que ces courtelinesques dames m’ont mis les nerfs à vif. Sur un banc de la rue des Archives, une vieille couine «une petite pièce s’il vous plaîîîîît monsieuuuuuur, madaaaaaaaaam’», sa voix haut perchée perce les tympans et n’incite guère à la charité, on a surtout envie de lui coller un morceau de sparadrap pour éteindre la stridulation. Quel que soit le moment de la journée, je la croise toujours à la même place prononçant toujours les mêmes paroles. Ce doit être redoutablement fastidieux de ne faire que cela de ses heures.

En début d’après-midi, je rate une galette Dukan, cela ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Elle se décompose misérablement dans la poêle quand je tente de la retourner. Je finis par comprendre la raison : je n’y ai mis que du son de blé pour terminer le paquet. Or, contrairement au son d’avoine et comme nous l’enseigne Maître Dukan, le son de blé n’est pas hydrosoluble. Il manque logiquement à ma galette son caractère compact. J’en mange les débris épars, satisfait de mourir moins bête en cas d’étouffement.

Copine Antonine passe faire une lessive. Tout le monde m’a dit qu’Uniqlo est blindé depuis son ouverture, nous n’en décidons pas moins d’aller visiter le flagship japonais. Et c’est blindé, environ 25 mètres de queue aux caisses, des clients affairés partout. Le rayon homme n’est pas très excitant, je prends quelques fringues à bas prix d’ouverture pour tester la qualité nippone.

Dans la soirée, copine Peggy donne une lecture à la Maison des Métallos. J’arrive une heure avant la clôture annoncée, mais trop tard malgré tout, performances, projections et lectures viennent de s’achever. Elle a été très applaudie, je suis content pour elle. J’ai juste le temps de croiser copain Ruwen qui termine un essai sur le sexe et l’argent, et me propose d’en prendre connaissance pour une lecture critique. J’accepte volontiers, la production de Ruwen est toujours un enchantement pour l’esprit. C’est un philosophe analytique, espèce plutôt rare dans nos contrées phénoménologiques, déconstructionnistes et autres herméneutiques pompeuses et pompantes, dont la complexité m’a toujours paru inversement proportionnelle à la fécondité. Avant de quitter les lieux, j’ai encore l’occasion de vanter les mérites de Maître Dukan auprès de copine Maryline. Elle me suggère de publier une photo de nu afin que tous mes lecteurs puissent juger sur pièce. Je lui explique que je n’ai pas encore atteint le stade du CORPS de RÊVE, mais je retiens l’idée.

Avec copain Stéphane, nous marchons d’un bon pas vers le repas de gala, qui se tient ce soir au restaurant tibétain juste à côté du Cirque d’hiver. La nourriture est excellente en même temps que l’adresse assez peu fréquentée, ce qui est rare. Copine Peggy a surpris un type bien mis, genre jeune cadre Men in Black de chez Brother, Brother & Brother, en train d’écrire en texto : « ce week end je vais me mettre ma race, faut que je décompresse ». Un propos gravé dans le marbre de la connerie ambiante, qui promet de devenir un running gag.

Dans La barque silencieuse, Quignard écrit : «J’appelle athée celui qui vit sans dieux, dont l’âme est sans foi, dont la conscience est exempte de peur, dont les mœurs ne s’appuient pas sur des rites, dont la pensée est sauve de toute référence à dieu, diable, démon, hallucination, amour, obsession, dont la mort est accessible à l’idée de suicide, dont l’après-mort est néant».

Il semble que je suis athée. 

1 commentaire:

  1. J'ai pour ma part trouvé une veste en velours noir très ajustée chez Uniqlo, qui va très bien avec mes yeux noirs et ajustés (en ce moment).
    Sinon, moi, je crois en Pascal Quignard. Mais aussi en Dieu.
    Copine Sarah

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