jeudi 29 octobre 2009

Une autre histoire de la violence

Hier, l’un à pied sort ses poubelles. L’autre à vélo prend la rue en sens interdit. Choc, altercation, cri. Cala se finit par « connard » et « enculé » faisant écho sur les façades. Ce matin, tôt à Bastille, même scène pour un accrochage en voiture. L’autre soir, pratiques identiques à Ledru-Rollin. Et ainsi de suite, je n’arrête pas de voir des mâles humains extérioriser leur hargne par des cris et des menaces. La colère est une émotion que je ressens difficilement, chez moi cela relève plutôt d’un agacement permanent, mais pas de ces bouffées soudaines d’agressivité qui viennent des tripes et des hormones. Dans toutes les sociétés humaines connues, 95 % des crimes et délits sont le fait des mâles de l’espèce et parmi ceux-là, c’est au pic de testostérone, c’est-à-dire à 15-25 ans, que la probabilité est la plus forte de s’en prendre à autrui ou à ses biens. Mais les altercations dont j’ai été témoin étaient le fait d’individus plus âgés. Je n’aime pas cette violence, je la trouve stupide. Et comme je suis malgré tout un mâle, elle me rend à mon tour violent, elle me donne envie d’écraser la face des individus qui sont assez cons pour s’y abandonner, donc elle me rend con à mon tour et je l’aime encore moins.

Rien de tout cela dans le documentaire The September Issue vu avant-hier soir, dont je parle avec retard en raison des France Teleconneries. Le monde de Vogue est rempli de femmes charmantes, de couturiers affables et de photographes inoffensifs. Le film est intéressant, je ne regrette pas (comme souvent hélas) de l’avoir vu. Le personnage d’Anna Wintour, patronne de la rédaction de Vogue US, me plaît : très professionnelle, très froide, très discrète, en contrepoint du milieu dont Vogue est une figure de proue éditoriale. Milieu que je ne connais et ne rêve pas de connaître, mais dont certaines critiques faciles me laissent insensibles. Je crois au fond que je n’aime pas la richesse, mais le luxe, et la haute couture en est évidemment l’incarnation même. Même le plus pauvre peut se permettre un luxe, alors que bien des riches ne s’en accordent jamais.

Après le film nous avons été au Quick, ils ont un nouveau sandwich aux oignons qui me rappelle le Whopper du Burger King, et du même coup les pays germaniques et nordiques où cette chaîne prospère. Je repense à Berlin, j’ai hâte d’être en hiver.

Mon roman avance doucement, à mesure que j’ajoute les éléments du nouveau plan, je réfléchis aux futures modifications du récit principal déjà achevé avant l’été. J’ai aussi envie de faire un essai sur le sexe, je m’en suis ouvert à copine Sarah, mais ce sera pour 2010.

À la radio, on cause du retour de la grippe A, et aussi d’une consultation sur l’identité nationale. Il n’y a qu’en France que l’on change les codes de nationalité et règles de citoyenneté tous les quatre matins, quand j’étais plus jeune cela évoluait d’un gouvernement l’autre. Un jour, j’ai lu une interview de Houellebecq où le journaliste l’interrogeait sur son exil en Irlande, l’asticotant sans doute sur le fait qu’il était mauvais citoyen et contribuable, et le romancier répondait quelque chose du genre : je me suis toujours senti un usager de mon pays, je n’y ai aucune attache sentimentale. Cela m’avait ravi car je suis exactement dans la même disposition d’esprit, celle d’un usager de la France. Ou d’un touriste quand je visite ses régions, il est vrai très belles. Le pathos national me laisse de marbre, le prêche citoyen m’incommode plus encore. Ce dont ont besoin les petits Français issus de l’immigration ou non, ce n’est pas d’entonner en chœur la stupide Marseillaise, ce n’est pas de psittaciser l’antienne des valeurs-de-la-République, mais de trouver du boulot, si possible bien payé. Et éventuellement de se prendre une taloche quand ils font les cons, comme les jeunes ont toujours fait les cons, c’est à cela notamment qu’ils se reconnaissent. Mais toute la litanie sur la France éternelle de Vercingétorix à Valmy et de Napoléon à Sarkozy, avec des trémolos de circonstance dans la voix, cela me semble une curiosité du XIXe siècle, un truc que les post-sexagénaires de l’élite sortent de temps en temps du placard à poussière, peut-être un dossier de couverture du Nouvel Obs ou du Fig Mag quand il n’y a vraiment aucun autre marronnier en vue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire