lundi 19 octobre 2009

M4 T3 H4, chimie du jour

M4. Après un réveil fort matinal, donc, je marche jusqu’à Rambuteau et j’embarque sur la ligne 4, destination porte de Clignancourt. J’y ai rendez-vous avec copain Jean pour qu’il me file un peu de fraîche, le statut de chômeur en attente de RSA n’étant pas le plus rémunérateur. Le quartier est miséreux, devant le McDo des mendiants exhibent des membres atrophiés et rougis par le froid. On ne s’est pas donné rendez-vous au bon endroit pour nos affaires : impossible de trouver un distributeur automatique à moins de 500 mètres. L’argent va à l’argent, autant dire qu’il déserte ce genre de faubourg. Malgré la crasse ambiante, ou à cause d’elle, une vie certaine se dégage des rues, où je croise parfois de beaux immeubles. Le mètre carré y est deux fois moins cher que dans mon haut-Marais (dit aussi basse-République), cela donne à réfléchir : faut-il privilégier l’espace intérieur ou les abords immédiats ?

T3. De Clignancourt je fends Paris par la 4 à nouveau et j’atteins la porte d’Orléans, d’où j’emprunte pour la première fois le tramway 3 en direction de la porte de Versailles. L’engin est plutôt agréable, un mixte de bus et de métro, j’observe le conducteur qui régule encore la vitesse de la course par une manette. Serais-je Claude Simon que j’en ferais un roman. J’aime bien les tramways, on en croise énormément en Europe centrale, orientale et nordique, j’aime surtout les vieux modèles à la ferraille couinante dont l’alimentation électrique et anarchique zèbre l’air des rues. Je ne serais pas foncièrement hostile à l’interdiction de la voiture dans Paris, dans les grandes villes en général, à condition évidemment d’avoir des transports publics plus performants. Et des porteurs pour mes achats, cela va sans dire. Comme l’énonçait le slogan des années 1970, la voiture ça tue, ça pue et ça pollue. Elle apporte une inestimable liberté pour les grandes balades, elle est une condition de base de la survie en campagne, mais dans les métropoles surpeuplées, sa valeur ajoutée devient discutable.

H4. Arrivée à destination, le Salon de la photo, hall 4 du Parc des expositions. Où je ne trouve rien de folichon. Je prends de la doc de ci de là, j’achète un ancien numéro de la revue De l’air. Jetant un œil ennuyé à l’expo rapidement montée en hommage à Willy Ronis, j’entends un gars parler du photographe « inspiré par l’amour du prochain ». On dit que les bons sentiments ne font pas de la bonne littérature, j’ai un peu le même avis pour la photographie, dont la production dite « humaniste » m’ennuie par la fréquence du noir et blanc, et surtout la répétition des mêmes thèmes : le gentil petit poulbot qui saute dans sa flaque de boue, le gentil petit ouvrier fier et digne dans son usine, les gentils petits amoureux qui s’embrassent dans leur ruelle, le gentil petit artisan qui s’accroche à son échoppe, ad nauseam… Tout cela est sympathique, joli, marrant, tout cela peut avoir un intérêt historique ou ethnographique, mais tout cela reste pour moi de l’illustration, et souvent d’AOC Épinal. 

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