samedi 10 octobre 2009

Moi, Laurence F. ...

Cette nuit, j’ai eu le malheur d’entendre le passage de Frédéric Mitterrand chez Laurence Ferrari. Je dis bien entendre car je me suis retenu de touner la tête pour regarder l’écran d’ordinateur où l’extrait avait été chargé. Aurais-je une télé chez moi qu’il me faudrait moins d’une semaine pour devenir tueur en série.

L’impudence des journalistes est sans limite, Ferrari prenait le ton du procureur, sans doute gonflée par l’audimat de sa première chaîne de merde, cela vous titille les hormones d’être la voix d’une immense masse sans cervelle. Elle cherchait la faute, l’énervement, le débordement, elle avait quatre minutes pour produire du scoop et nourrir le buzz du lendemain, elle revenait sans cesse et sans cesse à la charge, elle insistait avec une vulgarité qui me faisait honte, honte d’appartenir à la même espèce que cela, comment les gens peuvent être aussi grossiers. Mitterrand dans la peau de l’animal traqué lui dit à un moment « vous ne m’avez pas écouté Laurence Ferrari » et c’est tellement évident, elle n’écoute rien, la blondasse formatée lucarne, elle n’a même pas lu le livre («juste les passages », quel bel aveu de rigueur journalistique, elle se contente du charcutage de Le Pen comme matériau de sa vindicte), non elle n’a même pas besoin de lire ou d’écouter depuis sa position dominante, ce sont les spectateurs du cirque qui l’écoutent tous les soirs, elle ne voit rien, elle n’entend rien, elle ne comprend rien, elle est l’icône centrale du néant, elle est le corps rêvé de ce beauf qui se branle dans ses chiottes, elle est la vie rêvée de cette conne qui lit Closer dans le métro, et pourtant elle pue de tous ses mots vides, elle pue de toutes ses émotions feintes, elle pue de toute sa pensée plate, elle pue de tous ses sourires commandés, cette infection permanente du furoncle médiatique semble avoir colonisé toutes les conversations et toutes les représentations humaines, on ne croise plus que des appendices de ce grand terminal cognitif et comportemental, et les rescapés se terrent dans des territoires inconnus, et ils sont à jamais isolés dans la foule par cette homogénéisation sans précédent de la parole, et ils prononcent des phrases désormais inaudibles.

Sur le fond de tout cela, quoi ? Rien bien sûr, se faire trouer le cul par des jolis garçons en Thaïlande ne s’inscrit pas dans le paysage mental de la ménagère de moins de cent ans, qui se trouve être aussi le pilier électoral des partis politiques, donc clouer Mitterrand au pilori ne représente pas un gros risque, chialer sur l’horrible tourisme sexuel non plus, parce que bien sûr, le tourisme non sexuel c’est une spoliation formidable, c’est une exploitation tolérable, tolérée et même encouragée de la misère du monde, un cul c’est sale mais un Hilton c’est joli, même s’il y a des gosses en arrière-cuisine et des clodos devant l’entrée.

Allons du calme, du calme perdre ses nerfs au spectacle des serfs n’est pas signe d’une grande santé, dans quelques jours je ne me reconnaîtrai même plus dans cette colère passagère.

Revenons donc au dispositif du CORPS de RÊVE. Je me suis acheté 870 grammes d’un excellent lapin au Bon Marché, et une pluie de BBQ Bar. Ken nage dans le bonheur, cela fait plaisir à voir.



Je médite à l’évolution de ma diète. Il me faut repenser l’organisation des repas comme des exercices, car je suis bien obligé de constater un indéniable flottement dans le cours des jours passés. Pas une seule piscine cette semaine, et là je dois repartir en banlieue, c’est très mauvais. Certes, je suis scotché au poids plancher, certes, mon ventre continue de s’aplatir tout doucement, certes, des muscles se dessinent progressivement, mais tout cela pourrait et devrait aller plus vite. Il en va de même pour mes exercices spirituels, d’ailleurs. Ma semaine a été pourrie de toutes sortes de contraintes minables dont vous avez eu des échos partiels (inscription pénible au chômage, rédaction lente d’un dossier de surendettement, ouverture compliquée d’un compte en banque, recherche désespérée d’un avis d’imposition, etc.), contraintes théoriquement appelées à ne pas se répéter, mais tout de même, je n’ai pas de plages assez longues d’esprit libre pour travailler autant que je le voudrais mon roman ou mener à bien quelques projets photographiques. En plus, je suis dans une de mes phases maniaques « douces », je dors 5 à 7 h par nuit et les 17 à 19 h restantes, je n’arrête pas une seconde. À moins de trouver des amphétamines ou de la cocaïne, il m’est difficile d’augmenter encore le rendement de la machine. Je dois plutôt réfléchir à l’organisation du temps de veille.

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