lundi 26 octobre 2009

Merci

Je tape d’abord mes messages sur Word, et ensuite je les copie dans Blogger, l’interface qui héberge ce journal. C’est une habitude. C’est aussi pratique puisque de la sorte, je peux compter mes signes rédigés. J’en suis ici à 259.041 signes, ce qui fait une bonne moyenne en deux mois. À peu près autant qu’un roman de Nothomb ou un essai de Finkielkraut.

En janvier dernier, j’avais arrêté un blog et je m’étais juré de passer une année entière sans autre écriture sur Internet que des contributions de-ci de-là à des forums ou à des commentaires de blog. J’aurai tenu huit mois. Et c’est reparti, ici et sur un autre site consacré au sexe. Je ne peux pas m’en empêcher. Encore une addiction, dans une collection déjà riche.

Depuis que j’ai commencé à écrire, vers 18 ans, je n’ai jamais arrêté, au pire des pauses dépressives. Je suis incapable de dire combien de feuillets j’ai noircis sur le papier ou l’écran, mais cela doit se chiffrer en dizaines ou centaines de milliers. En incluant l’alimentaire, bien sûr, puisque je n’ai vécu que de mon écriture. À en juger par la rareté des mails du Pôle Emploi, j’ai l’impression que ce métier de rédacteur n’est plus très demandé. J’ignore pourquoi, il faut croire que mes contemporains s’expriment mieux. Ou peut-être que bien s’exprimer n’a plus une grande valeur ajoutée, il suffit de se faire vaguement comprendre par son interlocuteur. Surtout dans le monde des affaires, c’est-à-dire en tendance le monde tout court, où les chiffres importent toujours plus que les mots. Remarquez que je suis bon en calcul mental aussi.

À quoi obéit ma pulsion d’écrire ? En auto-analyse sauvage, elle est du même ordre que ma pulsion d’achat, une sorte de principe de dépense généralisé où je me sens bien lorsque j’ai l’impression d’avoir donné ou dilapidé beaucoup. L’écriture gratuite me plaît infiniment mieux que l’écriture commanditée, c’est lorsque cela ne me rapporte rien, ne s’inscrit dans aucun projet précis, ne répond à aucune contrainte ou urgence que j’éprouve le plus de plaisir à écrire. Ce petit lieu très confidentiel, où vous n’êtes que quelques dizaines à me lire, correspond parfaitement aux critères. Une autre raison tient probablement à ma difficulté d’entretenir une vie sociale normale. J’ai naturellement tendance à repousser les invitations « in real life » mais en même temps, et paradoxalement, j’adore échanger des idées, des sentiments, des informations. Écrire me permet de résoudre le paradoxe. Surtout depuis qu’Internet existe, ce qui aura été l’événement majeur de ma génération, et une bénédiction pour les gens comme moi (ou comme copine Peggy, ainsi qu’elle l’explique dans ce texte).

Et donc merci à vous, lecteurs inconnus, de partager un temps ce flux de mon existence.

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