dimanche 25 octobre 2009

Sur le quai des moribonds

RER D tout juste raté, 29 minutes d’attente, gare fermée, trop peu couvert pour la fraîcheur du soir tombant… fin du week-end banlieusard, et j’immortalise la désespérance des rails orphelins.



Tout à l’heure, mon père a confirmé sa bonne forme toute relative, ils ont probablement baissé les médications qui le transformaient en pur légume. Ce n’est certes pas brillant, aucune phrase cohérente, un œil noir et fixe, mais il a l’énergie d’aboyer « c’est dégueulasse » à l’infirmier tout miel qui lui tend avec componction un antibiotique. Car Clostridium difficile a fait son retour, la récidive interdit le transfert dans l’aile long séjour. Il engloutit le yaourt que je lui donne par petites cuillerées, je me dis que des marmots aux vieillards, j’aurais nourri tous les âges de la vie. Au loin, la vieille femme noire hurle un désespoir sans écho. Pas une fois où je n’ai entendu ses longues plaintes qui résonnent dans les couloirs. En sortant je passe par la cafétéria de l’hôpital, elle ressemble étrangement à un décor de films de zombie, avec les malades et leurs familles comme figurants. Au terminus de l’existence, les quais sont toujours sinistres.

Encore plus tôt dans la journée, déjeuner familial avec copains François, Caroline, Mathilde, Alexandre, Antonine, Amélie. Le repas dominical passe comme la plupart des repas dominicaux, dans un échange sans grande conviction de mots sans grande portée. Je récupère une soixantaine de livres et quelques outils, je désespère de l’étroitesse de mon appartement parisien. Côté régime, le week-end aura été gala, mais sans excès, je ne fais que grignoter. Le fuel manque dans la chaudière, un lit humide et froid témoigne de ma nuit sans rêve. Pour une raison que j’ignore, sans doute un précédent week-end où elle était seule disponible, j’en suis revenu à occuper dans cette maison ma chambre d’enfant et je me souviens de mes peurs d’alors.

Depuis le radiateur froid, j’entends encore battre un souffle venu des caves.

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